Il aura fallu 2h30 et quelques gouttes de sueur pour le monter à contre-courant des marcheurs du Saint Jacques et atteindre son lieu de pose, à proximité du Roc des loups. L’oculus de Marchastel, pièce de 2,2 mètres de diamètre et de plus d’une tonne, a été posé vendredi 26 mai, en présence des élus des communes alentours et du Parc.
“C’était un sacré défi, mais on aime les projets d’exception” raconte Emmanuel Hebrard, tailleur de pierre à La Villedieu dans le Cantal. “Il nous a fallu d’abord trouver le bloc de pierre, un seul bloc de lave de basalte de 2,5 sur 2,5 mètres extrait de la carrière de Bouzentès. Le premier avait finalement une fissure naturelle, il nous a fallu en trouver un second. Et puis le tailler, le graver. Nous avons reçu une nouvelle machine cette année, suffisamment grande pour intervenir sur des blocs de cette envergure. Elle a dû fonctionner 24 heures sur 24 pendant 3 semaines pour terminer la pièce.” Le projet est né sous l’impulsion de la Région Occitanie qui a lancé un appel en direction des communes de Parcs, avec pour objectif d’innover en pierre naturelle et locale. En Aubrac, Saint Laurent de Muret et Marchastel ont répondu.
“Même si ça peut faire penser à la porte des étoiles,… c’est en réalité une table d’orientation et d’interprétation” poursuit Xavier Bonnet, paysagiste concepteur à Clermont-Ferrand. “Mais, posée à la verticale et ouverte en son centre, elle invite l’œil à passer à travers et à regarder vraiment le paysage.
En son pourtour, sont évoqués les sommets environnants, les bourgs, les forêts, les tourbières, les anciens volcans… une part de l’histoire de ce paysage pour mieux le comprendre”. “C’est époustouflant, c’est une idée magnifique. Ça traversera les générations, j’en suis sûr !” s’est félicité Bernard Bastide, président du Parc de l’Aubrac et conseiller régional. “La pierre est locale, les artisans sont locaux, le savoir-faire est local… Que ce soient des murs en pierre sèche, des abreuvoirs, ou des ouvrages artistiques comme ici, le Parc œuvre pour promouvoir cette filière économique et encourager les projets, quelles que soient les utilisations.” poursuit Olivier Guiard, directeur du Parc.
“A Marchastel, nous avons un autre projet, la réhabilitation du bourg de Rieutort d’Aubrac, et nous utiliserons également de la pierre locale”, poursuit Eric Malherbe, maire de la commune. “Tout cela est rendu possible grâce au Parc et à la sensibilisation qu’il fait auprès des élus. C’est un peu plus compliqué, mais ce n’est pas plus cher et on n’utilisera pas de la pierre d’on ne sait où et du béton qui aura fait le tour de la planète. Je veux que nous soyons en cohérence avec notre territoire.” Cet oculus, financé à 80 % par la Région Occitanie et 20 % par la commune, est rendu possible grâce à l’implication importante du concepteur et du tailleur de pierre.
Pour s’y rendre :