“C’est le moment de dire que grâce au maintien des pratiques agricoles, la richesse floristique est maintenue” a conclu Nathalie Lamande, responsable Natura 2000 pour la région Occitanie, venue comme une vingtaine de partenaires locaux à Condom d’Aubrac pour un important comité de pilotage du site Natura 2000 du “Plateau central de l’Aubrac aveyronnais”. En ce 1er février, l’équipe du Parc naturel régional de l’Aubrac a soumis à validation le nouveau document d’objectifs du site, un plan d’action pour les années à venir.
Étendu sur 7000 hectares entre Laguiole et Saint Geniez d’Olt et d’Aubrac, le site bénéficie de fonds européens pour favoriser la conciliation de la préservation des milieux et des activités humaines. Le précédent document d’objectifs datant de 2004, des diagnostics agricoles et forestiers ont été réalisés par la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron et le Parc, ainsi qu’une révision de la cartographie des habitats naturels par l’Adasea d’Oc et une évaluation des espèces d’intérêt communautaire. Bilan, grâce à des outils de diagnostic et de cartographie plus précis, le site passe de 29 à 53 types d’habitats naturels différents, dont 20 à fort enjeux de conservation : espaces fragiles, réduits ou exemples remarquables de biodiversité. Et 8 nouvelles espèces végétales ou animales protégées ou ayant un intérêt culturel pour l’Aubrac.
“Il y a par exemple deux chauves-souris nouvellement identifiées, dont le murin de bechstein, espèce protégée au niveau national et qui vit dans les cavités des vieux troncs des hêtres très présents sur ce site. Ou aussi la ligulaire de Sibérie, plante rare sous nos latitudes et qui se porte bien ici. Elle avait bénéficié d’actions de préservation en 2008 et 2013” décrit Ghalia Alem-Raquin, chargée de mission Natura 2000 au Parc. “Ces évaluations vont nous servir à arbitrer les actions qui seront conduites de manière prioritaire” explique Bertrand Goguillon, responsable Patrimoine naturel au Parc, “mais la présence de ces nombreuses espèces d’intérêt démontre également la validité des pratiques agricoles conduites sur les prairies de l’Aubrac et que le dispositif Natura 2000 soutient à travers les MAEC”.
Ces Mesures Agro-Environnementales et Climatiques permettent d’accompagner les agriculteurs en zone Natura 2000 qui s’engagent volontairement à maintenir ou développer des pratiques d’élevage combinant performance économique et préservation de la biodiversité. En 2023, elles ont fait l’objet d’une nouvelle vague de contractualisation qui se poursuivra en 2024 et 2025. Et, nouveauté, en plus des fonds gérés par la Draaf et la Région Occitanie, le Parc a mobilisé des fonds complémentaires pour la préservation des zones humides auprès de l’Agence de l’Eau Adour Garonne, pour arriver à soutenir la trentaine d’agriculteurs qui ont fait une demande de MAEC sur ce secteur.
Natura 2000 permet également à des propriétaires non agriculteurs de bénéficier de soutiens financiers pour mettre en place des pratiques favorables à la biodiversité. Un propriétaire forestier, par exemple, peut bénéficier d’une compensation financière s’il s’engage à laisser vieillir sa forêt pendant 30 ans pour favoriser les insectes qui se développent dans le bois mort, ainsi que tout le cortège de faune et de flore de ce milieu. De même, un propriétaire d’un site habité par des chauves-souris peut se faire accompagner pour conserver ces espèces protégées.
Lors de ce comité de pilotage, le Parc a été réélu structure animatrice du site et Geneviève Gasq-Barrès, maire de Condom d’Aubrac, a été élue présidente.