Agriculture

20 décembre 2024

Lutte contre le campagnol : l’expérimentation de piégeage se déploie

A. Rondreux - PNR Aubrac
A. Rondreux - PNR Aubrac

Ils sont maintenant 3, sur l’Aubrac, à exercer le drôle de métier de piégeur de campagnols. Après Laurent Felgines, embauché par la CUMA de Sainte Geneviève/Cantoin fin 2022, pour intervenir sur les prairies d’une vingtaine d’agriculteurs, il y a maintenant Aurélie Rondreux qui intervient pour une vingtaine d’éleveurs de la CUMA d’Alpuech-La Terrisse et une troisième personne qui commencera à travailler à mi-temps pour la CUMA Soulages/Montpeyroux en janvier.

“Depuis longtemps le Parc travaille avec les éleveurs pour trouver une alternative à l’utilisation des raticides. Notre méthode de lutte exclut l’utilisation du ratron et minimise le recours au PH3 contre les taupes, le piégeage se montrant réellement efficace à la fois contre les campagnols et contre les taupes” explique Ugolin Bourbon-Denis, chargé de mission agro-environnement au Parc naturel de l’Aubrac.

“En s’inspirant des méthodes utilisées par des piégeurs de campagnols qui travaillent autour de Volvic, nous avons monté un programme d’expérimentation où le piégeur est salarié d’une CUMA et où son action est coordonnée avec la surveillance des éleveurs.” D’abord soutenu par des aides publiques de la région Occitanie, le Fonds de mutualisation sanitaire (FMSE) prendra le relais dès l’an prochain et de manière pérennisée, grâce à un partenariat avec la FREDON Occitanie et la FDGDON Aveyron. “Il y a eu une très bonne écoute entre tous les partenaires” souligne Johan Bouges, son président. “Nous avons bâti ensemble ce mode de financement durable et réplicable ailleurs”.

“A Sainte Geneviève, nous constatons que l’intervention du piégeur depuis 2 ans est efficace” raconte Olivier Planques, président de la CUMA. “On voit que nos parcelles ont beaucoup moins de tumulus de terre que celles des villages voisins”. Les populations de campagnols étant limitées en 2024, le piégeur s’est concentré sur les taupes, qui creusent les galeries dans lesquelles le campagnol s’installe. L’observation collective faite par les éleveurs et le Parc a identifié plusieurs foyers de reprise de campagnols cette fin d’année, sur lesquels le piégeur est intervenu rapidement, avant que le nombre de rats ne soit trop important.

Fort de cette première expérience, le Parc a obtenu l’aide du Fonds vert de l’État et de l’Agence de l’eau Adour Garonne pour pouvoir accompagner d’autres CUMA et réaliser les investissements de lancement : pièges, équipements, formations,… “En 2022, Alpuech et La Terrisse avait été à l’épicentre d’une très forte pullulation de campagnols qui s’était ajoutée à une forte sécheresse. Les conséquences ont été catastrophiques pour nos fermes” raconte Lionel Viguier, président de la CUMA locale. “Ce n’était pas la première pullulation, mais aujourd’hui, elles sont plus fréquentes. Dans le temps, les exploitations étaient plus petites et il y avait toujours quelqu’un pour piéger régulièrement les rats et les taupes.” “Moi je n’y connaissais rien ! Ça m’a fait marrer au début d’expliquer que j’étais piégeuse de campagnols” raconte Aurélie qui a pris ce poste début octobre. “Je voulais travailler dans le monde agricole. Et à cette place, je peux à la fois travailler en collectif, avec les agriculteurs, et sur une problématique environnementale. Les deux sont essentiels pour moi. Je suis autonome, je m’organise, je coopère avec les éleveurs, c’est très valorisant.” poursuit-elle. “Laurent Felgines m’a transmis son savoir-faire, il reste mon mentor ! Puis, avec le Parc, nous sommes allés à Volvic. J’apprends le métier petit à petit, beaucoup d’observation, beaucoup d’écoute auprès des agriculteurs.