Le Chemin de Saint Jacques arrive du hameau de Montgros et entre dans le village de Nasbinals aux abords de la route de Marvejols. Côté gauche, le long d’un espace pique-nique pour les randonneurs, un mur de clôture va être construit, à la fois pour matérialiser ce lieu et délimiter le cheminement des randonneurs. Fait de granit et de basalte, cet aménagement va améliorer la qualité d’accueil du lieu. Il mesurera 1 mètre de hauteur environ, au-dessus d’une fondation de 20 cm.
L’intérieur du mur sera laissé apparent à l’endroit d’une brèche, afin de montrer la technique de construction de ce type de mur traditionnel. Un panneau pédagogique sera ajouté pour expliquer aux visiteurs les différents modules de pierre utilisés, le mode de construction et les différentes qualités de ce type de mur.
Le site est idéal pour une formation professionnelle type Certificat de qualification professionnelle “Ouvrier professionnel en pierre sèche”. Tout est à faire : terrassement, fouilles, stockage des pierres et construction du mur, depuis les fondations jusqu’au couronnement. La formation se déroule en deux semaines, l’une du 3 au 7 octobre 2022 et l’autre au printemps 2023.
La commune de Nasbinals, l’association des Artisans Bâtisseurs en Pierres Sèches* et le Parc ont collaboré étroitement pour accueillir ce chantier-école. La commune a fait réaliser le terrassement, fournit des pierres récupérées localement et héberge les stagiaires. C’est la seconde fois que le Parc permet l’installation d’un chantier-école “pierre sèche” sur son territoire, le précédent s’était déroulé en 2018 à Rieutort d’Aubrac.
Depuis plusieurs siècles, les drailles et les estives de l’Aubrac sont délimitées par ce type de murs fabriqués très sommairement avec les pierres présentes au milieu des prairies. Sous leur apparente simplicité, se cachent de vrais savoir-faire et de multiples fonctions dont le Parc de l’Aubrac a pour mission de préserver et de mettre en valeur. Ces murs, dits “paysans”, rassemblent de multiples qualités et fonctions. La ressource et la main-d’œuvre sont locales, le matériau est naturel. Les ouvrages sont drainants et participent à lutter contre l’érosion. Ils constituent enfin des abris pour la biodiversité animale et végétale. Avec les murs de soutènement, également réalisés en pierre sèche dans les secteurs en pente, ces murs en pierre sèche sont aussi des supports à des activités économiques agricoles, d’élevage d’une part mais aussi d’arboriculture, de viticulture, de maraîchage et de châtaigneraies dans certaines parties du territoire du Parc. De ces différentes manières, ces murs en pierre sèche constituent un élément d’attractivité important du territoire.
Très présents sur le territoire du Parc, ces murs en pierre sèche sont des marqueurs forts et emblématiques des paysages de l’Aubrac. Dans la Charte du Parc, les élus ont clairement inscrit leur préservation et leur mise en valeur comme étant essentielles. Les raisons sont multiples : patrimoniales évidemment, mais aussi pour préserver les savoir-faire et développer la filière économique de la pierre locale, voire le développement de productions agricoles. D’où l’importance de pouvoir réaliser ces chantiers-école qui permettent le perfectionnement des professionnels et la démultiplication des chantiers.
Cette action est réalisée en complémentarité avec deux programmes d’actions liés à la pierre sèche et portés par le Parc. Le premier concerne la préservation du chemin de Saint Jacques et le renforcement de la qualité de ses équipements. Le second soutient le développement des chantiers de restauration d’ouvrages en pierre sèche (murs, ponts…), en accompagnant des collectivités et les privés dans leurs projets et en mobilisant les partenaires concernés.